31 décembre 2008

Transports souterrains : vers un monde sans camion ?

Si de l'eau, des eaux usées, du gaz ou du pétrole peuvent être transportés à travers les pipelines, alors pourquoi pas les biens de consommation ? Certains pays d'Europe se sont penchés sur le transport de biens de consommation par le biais de réseaux automatisés souterrains, un cinquième mode de transport à côté de la route, du rail, de l’air et de l'eau. Cette nouvelle combinaison pourrait conduire à une nouvelle croissance économique sans détruire l'environnement et la qualité de vie. Super rapide, le transport de marchandises souterrain est depuis toujours un sujet de prédilection des futurologues.

L’idée d’envoyer du fret de marchandises à travers des tubes est tout sauf nouvelle. Dès la deuxième moitié du 19ème siècle, des systèmes pour le transport du courrier et des petits colis sont devenus assez commun dans la plupart des villes du monde. Dans ces réseaux de poste pneumatique (ils sont encore en usage dans certaines boutiques et de grands bâtiments aujourd'hui), des capsules sont propulsés par des moyens de pression d'air à travers des tubes, pour atteindre une vitesse d'environ 35 km/h.

Paris et Berlin ont ainsi plus de 400 kilomètres de vastes réseaux qui ont été en service jusqu'à la fin du 20ème siècle. A Prague, le système pneumatique a même été utilisé jusqu'en 2002, date à laquelle il a été endommagé par une inondation. Aux États-Unis, la technique a été abandonnée dans les années 50 en faveur des camions et des nouvelles technologies de la communication. A Paris, le système qui est principalement situé dans les égouts, est devenu très sophistiqué au fil du temps, avec des tubes de plus grand diamètre et l'introduction de deux voies de circulation et d’une navigation automatique. Ces systèmes pneumatiques pouvaient livrer les objets physiques, ce qui est difficile à faire avec le courrier électronique ou de toute autre technologie automatique en usage aujourd'hui.

Depuis les années 60, plusieurs tentatives ont été faites pour le transport de marchandises par les réseaux pneumatiques avec un plus grand diamètre. Des lignes ont été construites aux États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la Russie, le Japon et l'Allemagne. Toutefois, ces projets n’ont jamais rencontré le succès. Aujourd'hui encore, plusieurs inventeurs et entreprises essaient de relancer la technique. En effet, à cause de la congestion du trafic routier actuel, un courrier dans un camion a besoin de beaucoup plus de temps pour être livré qu’un colis par les systèmes pneumatiques du 19ème siècle. Un comble !

Toutefois, même si le concept fonctionne bien, il ne suffit pas de copier deux siècles de développement. En effet, les systèmes pneumatiques consomment beaucoup d'énergie et ne sont pas adaptés pour de longues distances. Certains s'efforcent donc d'éliminer ces inconvénients par la conception de systèmes tubulaires électromagnétique par exemple, une technique qui dans l'avenir pourrait être utilisée pour atteindre des vitesses très élevées.

L’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique sont les plus proches de la mise en œuvre d'un réseau souterrain de logistique. Ce n'est pas une coïncidence. En dépit de leurs vastes réseaux routiers, ces pays sont confrontés à une énorme surcharge de trafic. En effet, trois des dix ports dans le monde - Hambourg, Rotterdam, Anvers - sont situés à seulement quelques centaines de kilomètres les uns des autres. Et les choses vont certainement s’aggraver, car les ports souhaitent maintenir l'expansion de leurs capacités de manutention de conteneurs. Ainsi, dans les trois pays, le transport de marchandises par la route devrait au moins doubler en 2020, ce qui serait totalement obstruer les infrastructures routières existantes mais aussi prévues.

En Belgique, Anvers a conçu et proposé un projet, appelé "Underground Container Mover". Composé d’un convoyeur à moteur électrique de 21 kilomètres, il serait capable de convoyer quelques 5.500 conteneurs chaque jour (et nuit).

Les Pays-Bas ont eux examiné la possibilité d'un sous-réseau logistique couvrant l'ensemble du pays. Un projet ambitieux qui relierait finement les 1000 à 5000 foyers, avec une distance de marche maximale de 750 mètres pour aller chercher des marchandises.

Ces concepts offrent des possibilités passionnantes. Les marchandises peuvent être transportées de l'usine à des magasins, de sites de production en sites de production, et même des magasins aux consommateurs. A long terme, l'infrastructure pourrait devenir si complexe que les marchandises pourront être livrées à des maisons individuelles : vous commandez quelque chose sur Internet et vous le ramassez à travers une trappe dans votre cave le lendemain matin !

Mais même sans une trappe dans la cave, les avantages sont étonnamment grands. Les camions sont en effet une cause importante de bruit et de pollution de l'air. Ils entraînent de graves accidents de la circulation, ils consomment beaucoup de carburant et ils exigent beaucoup d'espace. Automatique, le système de transport souterrain efface tous ces problèmes.

Les avantages économiques sont tout aussi importants que l'écologie, mais moins évidents. Tout d'abord, les marchandises peuvent être livrées plus rapidement. Le flux de marchandise peut-être constant. Les camions quant à eux doivent attendre aux feux de circulation et ils peuvent être coincés pendant des heures à cause des embouteillages ou des conditions météorologiques. Le conducteur a également besoin de dormir, et des accidents peuvent aussi se produire.

Encore plus important qu’une vitesse de livraison plus élevées, avec l'automatisation des infrastructures, il est possible de prévoir très précisément lorsque les marchandises arrivent. Cela permet aux entreprises de réduire le montant des entrepôts. En fait, dans un tel système, les chaînes d'approvisionnement deviennent physiquement reliées les unes aux autres.

Dernier point mais non des moindre, le transport automatisé est moins onéreux : la livraison est plus fiable, il n’y a pas de chauffeur à payer, et l’énergie utilisée est beaucoup moins onéreuse que le carburant (pétrole).

Mais le problème le plus important d'une infrastructure logistique automatisé est le coût initial. Les Néerlandais ont calculé en 1998 que leur réseau leur coûterait environ 60 milliards d'euros. Le projet a donc été enterré en silence ! Néanmoins, les chercheurs ont également calculé que l'extension de l'infrastructure routière coûtera de toute façon presque autant : coûts de maintenance, payes des conducteurs des camions, réparations des routes, les coûts externes (pertes dues à des embouteillages, accidents et maladies liées à la pollution) sont beaucoup plus élevés avec un réseau routier.

L'extension du réseau routier a un avantage important: l’infrastructure est déjà existante, ce qui signifie qu'elle donne des résultats immédiatement. Le développement d'un système de transport souterrain demande un énorme investissement initial et les résultats ne sont visibles qu’après quelques décennies. C’est un investissement à long terme, et l'homme (en particulier les hommes politiques) préfère toujours le court terme…

Energy Islands : Des éoliennes à la place des palmiers !

Le projet « iles de l'énergie » (Energy Islands), a été imaginé et mis au point par l'architecte britannique Alex Michaelis et son père Dominic, du cabinet Michaelis Boyd Associates connu pour avoir rendu « écologiquement correctes » les maisons de plusieurs célébrités dont le politicien David Cameron et le milliardaire Richard Branson (le patron de Virgin).

Ce projet a pour but de fournir de l'énergie électrique propre au reste de la planète en créant des plateformes flottantes totalement autonomes en énergie, à la manière des plates-formes pétrolières offshore, qui regrouperont toutes les sources renouvelables de production d'énergie sur une île artificielle, avec en lieu et place des palmiers, des éoliennes, et en remplacement des transats, des panneaux solaires !

Cette île artificielle est présentée dans le cadre du concours « Virgin Earh Prize » organisé actuellement par le milliardaire Richard Branson. Le PDG du groupe Virgin, à la recherche d'une idée novatrice qui permettrait de renverser la tendance du réchauffement climatique planétaire, a lancé un appel à idées et a donné jusqu'à février 2010 aux inventeurs pour proposer leurs projets, en promettant 25 millions de dollars de financement à la clé.

Dans le projet imaginé par l'architecte, chaque île serait construite sur une plate-forme flottante, et son centre abriterait une centrale pour convertir la chaleur de la mer tropicale en électricité et en eau potable dénommée OTEC (Ocean Thermal Energy Conversion). Le fonctionnement, issu des travaux d'un physicien français du 19éme siècle Jacques Arsène d'Arsonval, exploite la différence de température entre la surface à 29°C et la température de 5°C à un kilomètre de profondeur. L'eau chaude de la surface sert à transformer de l'ammoniaque liquide en vapeur. L'ammoniaque sous forme de vapeur entraine une turbine qui génère de l'électricité. Ensuite l'ammoniaque est refroidie en utilisant l'eau froide des profondeurs pour retrouver sa forme liquide, et ainsi de suite. L'OTEC fonctionne de manière optimale avec une différence de 20°C, une différence de température que l’on peut trouver entre les profondeurs marines et l'eau de surface dans les Caraïbes, du sud de la Mer de Chine, de l'Océan Indien ou de l'Afrique de l'ouest.

Mais ce n’est pas tout. Des éoliennes viendraient compléter le dispositif, ainsi qu'une tour solaire à concentration. Enfin, sous l'île, des turbines exploiteraient l'énergie des courants, et des flotteurs celle des vagues.

De plus le processus de génération d'électricité (condensation, évaporation) donnera de l'eau douce par désalinisation, qui pourra alors servir à rendre autonome (eau potable et production de nourriture) une équipe de 25 personnes qui gérera les systèmes à la manière d’une plateforme pétrolière.

Le père d'Alex Michaelis, ingénieur, qui travaille avec son fils sur ce projet, estime que chaque île ( pouvant êtres reliées entre elles pour concentrer leur puissance) pourrait générer une énergie de 250MW. Il faudrait donc environ 50.000 installations comme celles-ci pour répondre à la demande mondiale en énergie. Pour lui, cela ne parait pas irréalisable si nous prenons conscience qu'il faudra consentir un véritable « effort de guerre (...), car il s'agit bien d'une guerre que nous menons contre le réchauffement ».

Richard Branson, bien connu pour son sens légendaire du marketing et de l'humour, a indiqué qu’un prototype pourra certainement voir très bientôt le jour dans l’océan indien au large des... « Virgin » Islands !

Zoom sur le bambou, une plante durable !

Ce végétal utilisé depuis des millénaires (surtout en Asie), mais pourtant encore assez méconnu en occident, a servi (et sert encore) à fabriquer des meubles, des armes, des outils, des systèmes d'irrigation d'eau, des vêtements, des aliments, des matériaux de construction... Ainsi, plus d’un milliard de personnes vivent dans des maisons en bambou de part le monde, comme aux Philippines et dans les forêts tropicales de l'Equateur où 90 % des maisons sont encore faites en bambou. Le bambou est une plante à tout faire qui présente la particularité de se travailler comme le bois et d’engendrer une étonnante richesse de savoir-faire artisanaux.

Ainsi, le bambou commence à être de plus en plus considéré comme une plante d’avenir dans nos contrées, véritable alternative écologique au bois traditionnel par exemple, de part ses nombreuses qualités : une matière première "verte", "abondante", "durable", "solide", et "rentable".

Verte : une bambouseraie de 1 hectare absorbe davantage de dioxyde de carbone (62 tonnes de dioxyde de carbone par an) qu’une jeune plantation d’arbres traditionnels (15 tonnes/an), en générant 35 % d’oxygène de plus. Il limite l'érosion des sols (grâce à réseau racinaire très dense sur 60 centimètres de profondeur) et restaure des sols appauvris. On l'utilise pour l’élimination de certaines toxines du sol, et sa culture ne nécessite peu ou pas d'engrais, ni de produits phytosanitaires.

Abondante : Le bambou est non seulement la plante dont la croissance est la plus rapide sur terre (jusqu’à 1m par jour) mais également le plus grand producteur de biomasse, cette double performance étant dépassées seulement par l'algue marine. Cette plante est souvent utilisée pour reboiser une région ou des terres arides. Une petite surface de terre peut produire environ 200 troncs en cinq ans. Il faut le même temps pour faire croître un arbre suffisamment grand, avant de le couper.

Durable : A la différence des arbres qui doivent être abattus, le bambou ne meurt pas car il est récolté au-dessus du sol, sans endommager ses racines et la couche arable. La récolte peut être régulière grâce à la régénération rapide du bambou. Il se régénère sur une période de trois à cinq ans seulement. Rien à voir avec les projets de reboisement qui portent généralement sur une durée de 30 ans. La coupe d’un arbre de 18 mètres pour sa commercialisation implique une attente de 60 ans pour le remplacer. Pour un bambou de 18 mètres, le délai est de 59 jours. De par le monde, plus de deux milliards de personnes dépendent des industries liées au bambou pour le commerce et leurs moyens d’existence, la plupart dans des pays en voie de développement.

Solide : Plus résistant que l'érable, plus léger que le chêne, sa résistance à la traction est énorme : un bambou normal a ainsi une résistance à la traction pouvant aller 40 Kg/mm2 contre 37 Kg/mm2 pour l’acier de construction, et 5 Kg/mm2 pour le bois. Une barre d’acier d’un mètre de longueur et d’un centimètre carré de section et qui pèse 785 grammes supporte une charge de quatre tonnes avant de rompre. Un morceau de bois de même longueur et de même poids, ayant une section de treize centimètres carrés, résiste à huit tonnes de pression. Un bambou d’une longueur similaire, présentant une section de douze centimètres carrés, rompra qu’à partir de douze tonnes de charge ! C'est pourquoi le bambou est aussi surnommé « herbe d'acier » ou « herbe magique ». Pour exemple, la Chine a construit fin 2007 le premier pont routier en bambou du monde, qui mesure 9 m de long et 3,4 m de large. Le pont supporte une charge maximale de 90 tonnes et devrait résister 20 à 30 ans.

Rentable : Le bambou est une plante ligneuse à feuillage persistant de la famille des graminées qui se développe plus vite que les autres arbres. Ainsi le rendement par rapport à la coupe "des vieux arbres" peut être de 25 fois supérieures. Le commerce mondial du bambou et du rotin est actuellement estimé à plus de 6 milliards de dollars US annuels.

L’évolution actuelle du bambou va vers son usage déstructuré. Il devient un matériau composite exceptionnel. À partir de lamelles rabotées, étuvées, séchées et compressées, on réalise une grande diversité de planches et des contre-plaqués qui peuvent être à leur tour cintrés ou mis en forme à chaud. Les possibilités de combiner le bambou à d’autres matériaux (métalliques, plastiques...) ou de le substituer à certains composants notamment dans le processus d’élaboration de bétons légers sont également très prometteuses. Récemment au Japon des bandes de trois kilomètres de papier de bambou fortement torsadées en fils ont permis une fois tissées de réaliser le premier tissu de bambou.

Le bambou est donc vraiment une plante formidable et d’avenir. Ainsi, la prochaine fois que vous achèterez des meubles par exemple, regardez bien de quel bois il est fait. Avec le bambou, vous ferez un « petit » geste pour l’environnement et pour l’économie durable, tout en acquérant un mobilier robuste…

Portugal : La plus grande centrale solaire du monde

La plus grande centrale solaire au monde est située à Amareleja (Moura), dans le sud du Portugal, près de la frontière espagnole dans la région de l'Alentejo. Elle a été connectée au réseau le 23 décembre dernier juste pour les illuminations de Noël et fonctionne à plein régime depuis mettant un sérieux coup de frein aux émissions de CO2 (elle avait néanmoins commencé à produire de l'énergie de manière partielle en mars 2008).

Cette centrale solaire, présentée comme "la plus grande au monde", est étendue sur 250 hectares. Ses 2.520 modules (plus de 262.000 panneaux solaires photovoltaïques) de 140m2 de superficie (13x11 m) suivent le mouvement du soleil par une rotation azimutale de 240°.

Avec une puissance totale installée de plus de 46 MW, la centrale produira 93 millions KW/h par an, fournissant l'équivalent de la consommation énergétique de 30.000 foyers et permettant ainsi d'éviter l'émission de plus de 89 tonnes de C02 par an.

Acciona, spécialiste des énergies renouvelables espagnol, qui détient 25% de l’électricien national Endesa, a réalisé un investissement de plus de 260 M€ pour un chantier qui a duré 13 mois.

27 décembre 2008

Baisse du baril, plus dure sera la chute !

Nous vous parlions récemment des bienfaits de la hausse du prix de l’énergie (article) pour la promotion plus que nécessaire des énergies propres et renouvelables. Mais la chute brutale du prix du pétrole, certes un répit propice en cette période de crise pour le consommateur moyen, aura malheureusement comme conséquence de reporter l'utilisation des sources d'énergie alternatives dans la vie de tous les jours. Mais attention, le réveil risque d’être brutal…

A 40 dollars le baril de pétrole, les développements de substituts à ce dernier deviennent moins urgents pour tout le monde, et les pétroliers ont réduit radicalement leurs dépenses d'exploration et de production.

Mais la réduction des dépenses d'exploration laisse présager que l'offre sera donc insuffisante pour satisfaire la demande quand l'économie mondiale redémarrera. Le prix du pétrole risque alors de s’envoler et de rebondir à des niveaux très élevés.

Ainsi, malgré l’alléchante et spectaculaire baisse du baril de pétrole, ne succombez pas à ses appels, ne remettez pas en cause votre changement de comportement vis-à-vis des énergies fossiles ! Ceux qui auront misés dès à présent sur les énergies alternatives comme le solaire s’en sortiront toujours beaucoup mieux…