Une chaudière domestique de 26kW de puissance, fonctionnant 1.500 heures par an en phase condensation permanente va produire environ 5m3 de condensats, soit parfois entre 4 à 12L de condensats acides par jour : hors de question de mettre un simple sceau en dessous de sa chaudière ! Mais cette quantité reste faible comparée aux rejets quotidiens « basiques » d’un logement, à fort contenu de produits lessiviels qui vont largement compenser l’acidité des rejets de condensats.
L'acidité des condensats (pH) est effectivement assez forte : environ 3,5 avec une chaudière gaz condensation, et 2,5 pour une chaudière fioul condensation. Elle est issue du gaz carbonique de la combustion qui est emprisonné dans la vapeur d’eau lors de la condensation : il forme alors de l’acide carbonique.
La question qui revient souvent au sujet de ces condensats de chaudière concerne leur traitement en sortie de chaudière. Car malheureusement, on peut lire ici ou là tout est son contraire !
Mais la réglementation française (Règlement Sanitaire Départemental - RSDT art. 29-2) est très claire sur ce point, et ne fait aucunement ou clairement mention des rejets des chaudières à condensation de faible puissance parmi les effluents faisant l’objet d’un déversement délictueux dans le réseau des eaux usées ! En habitat individuel domestique, le traitement des condensats ne présente donc pas de caractère obligatoire en France contrairement à d’autres pays de l’Union Européenne.
Les DTU ne sont pas non plus des obligations légales (hormis celui concernant les installations gaz - alimentation, fumisterie ...). Mais effectivement, en cas de litige, il faut mieux que l'installateur en ait suivi les prescriptions ... Les assurances professionnelles ne protègent d'ailleurs l'installateur que s'il a suivi les préconisations constructeurs et les DTU (c'est mentionné dans le contrat d'assurance).
Enfin dans une documentation technique d’un fabriquant de chaudière à condensation, il est souvent écrit que « les travaux doivent respecter la législation concernant l'environnement ». Mais il n'y a pas forcément indiqué un accessoire précis.
En conclusion, il n’existe pour l’instant clairement aucune obligation ou loi spécifique pour le traitement des condensats acides d’une chaudière à condensation domestique. Et ce n'est pas une question de %, puisque de toute façon, le rejet en sortie d’habitation, mélange de toutes les eaux du logement, ne sera pas acide et sera la plupart du temps collecté dans des égouts (donc nullement rejeté directement dans la nature). Le rejet d'un peu d'eau « moins basique » arrange aussi dans l'absolu pas mal les stations de traitement qui récupèrent un maximum d'eaux basiques (lessives) surtout en agglomération et sont donc obligés de faire le chemin inverse (et dépenser de l'argent) pour ramener le pH à une valeur de 7.
En revanche, un neutraliseur de condensat est vivement conseillé lorsque les rejets se font sur des éléments non compatibles avec l'acidité élevés des condensats (ex. tuyauterie cuivre, fonte, fibrociment, béton …) ou dans une fosse septique. Si rien n'est fait, la tuyauterie percera rapidement (entre 1 à 3 ans suivant le combustible et la quantité de condensats) entraînant une fuites (voir photo ci-dessous). Dans le doute, il est recommandé de poser un neutraliseur de condensats. Libre au client de choisir de ne pas le faire installer.
Etat d'une tuyauterie cuivre recevant les condensats d'une chaudière à condensation gaz au bout de 3 ans ! |
Le fonctionnement d’un neutraliseur de condensats est extrêmement simple. L’eau qui s’écoule de la chaudière à condensation traverse un petit réservoir contenant des billes/granulés composés de carbonate de calcium ou de magnésium, c'est à dire tout simplement du calcaire, qui va faire remonter (neutraliser) le pH de l’eau et le réajuster entre 6 et 8.