4 avril 2015

Pourquoi passer à l’individualisation des frais de chauffage dans le collectif ?

individualisation frais de chauffage dans le collectif

Outre les travaux d’isolation, il faut savoir que cette mesure constitue le premier pas pour la maîtrise des dépenses énergétiques dans les logements collectifs. Associée à l’installation d’une régulation, cette démarche doit permettre d’économiser facilement de 10 à 25% en moyenne sur la facture d’un copropriétaire.

Les charges de chauffage demeurent en effet le poste le plus onéreux d'un foyer (environ 25% de l'ensemble des charges immobilières). En engageant une démarche d’individualisation des charges de chauffage, la consommation globale de chaque appartement est ainsi mesurée avec précision, permettant de répartir la facture globale de chauffage de l'immeuble, et de sensibiliser chacun sur sa propre facture énergétique.

Car c'est humain ! Le simple fait d'avoir un « compteur » encourage à faire plus attention. Et comme le montant de la facture de chauffage sera lié à la consommation individuelle de l’habitant, il sera aussi encouragé à être attentif et à influer sur sa consommation :

  • en adaptant la température de chauffage de chaque pièce au confort souhaité ; il est préconisé de chauffer plus dans le séjour et dans la salle de bains que dans les chambres ; en cas d'absence de quelques heures, baisser le chauffage de 2°C, c’est environ 14% d'économie.
  • en cas d'absence plus longue (égale ou supérieure à 24h), il est inutile de chauffer comme lorsque l’on est présent ; Régler son chauffage à 16°C est largement suffisant.
  • il vaut mieux aérer en grand mais pendant 5 minutes seulement pour ne pas refroidir les murs que d'entrouvrir la fenêtre plus longtemps.
  • en s'informant tous les mois pendant les périodes de chauffe de l'évolution de sa consommation. C'est valorisant de voir que les efforts sont récompensés.
températures recommandées pour optimiser ses frais de chauffage sans alterer le confort


La répartition des frais de chauffage répond aussi à un besoin d’équité : chacun paie selon sa consommation réelle de manière équitable et ne paie pas pour son voisin « aimant » vivre fenêtre ouvertes en plein hiver ! Elle est une réponse simple et efficace à la lutte contre le gaspillage et génère des économies significatives prouvées dans de nombreux pays.

etude economie energie avec repartiteur chauffage
Source : E.V.V.E 2013 - The Association for Energy Cost Allocation


Une autre grande étude allemande sur l’efficacité énergétique des bâtiments a démontré que : « On gaspille plus l’énergie dans les bâtiments à forte isolation thermique que dans les autres. Quand la qualité énergétique d’un bâtiment atteint de hauts niveaux de performance, la consommation d’énergie diminue certes en valeur absolue, mais la tendance au gaspillage des utilisateurs augmente de façon significative. Plus la performance énergétique de l’enveloppe du bâtiment est bonne, moins les occupants se préoccupent de gérer rationnellement le chauffage ». La conclusion de cette étude plaide donc « en faveur d’une répartition des frais de chauffage basée sur la consommation réelle, y compris dans les bâtiments très bien isolés thermiquement ». Par ailleurs, l’étude démontre le fort potentiel de réduction des émissions de CO2 qu’entraîne l’individualisation des frais de chauffage.

L’individualisation du chauffage n’est pourtant pas systématique notamment sur les vieux immeubles collectif et sachant qu’elle ne concerne que des immeubles dont la consommation est supérieure à un certain seuil. En 2020 le parc existant consommera encore 50 fois plus que l’ensemble des bâtiments BBC ou RT 2012. Car le taux de construction des immeubles neufs ne dépasse pas 1% par an du parc existant qui lui, représente 30 millions de logements. La consommation d’un immeuble BBC voire RT 2012 étant au mieux cinq fois moins élevée (50kWh/m2/an) que celle de la moyenne du parc existant (250kWh/m2/an), ceci représentera en 2020 environ seulement 1/50ème de la consommation du parc existant.

Ainsi à compter du 31 mars 2017, suite au décret du 23 avril 2012 et l’arrêté du 27 août 2012, tous les immeubles à usage principal d’habitation chauffés collectivement devront être munis d’appareils permettant de compter les consommations énergétiques de chauffage pour chaque logement, dans la mesure où cela est techniquement réalisable et rentable sur le plan économique.

Pour la mise en place de cette nouvelle réglementation, deux niveaux ont été déterminés :
  • Les immeubles dont les logements sont tout ou partie équipés de robinets thermostatiques (+ de 20% des radiateurs équipés) devront consommer plus de 150kWh/m²/an d’énergie finale pour être soumis à cette obligation.
  • Les immeubles dont les habitations ne sont pas équipées de robinets thermostatiques sur leur radiateur devront quant à eux consommer plus de 190kWh/m²/an pour passer à l’individualisation des frais de chauffage.


Si des travaux importants d’amélioration de la performance énergétique de l’immeuble étaient réalisés avant le 31 mars 2017, le bâtiment ne sera pas soumis à l’individualisation des frais de chauffage si sa consommation énergétique moyenne passe en dessous du seuil fixé.

Pour la mise en œuvre de l’individualisation des frais de chauffage, en fonction de la configuration de l’installation de chauffage de l’immeuble, deux types d’appareils de comptage peuvent être envisagés :


compteur d'énergie thermique
L’installation de compteurs individuels d’énergie thermique (CET) placés à l’entrée des logements, qui permettent une mesure directe de la consommation : la collecte des consommations s’effectue simplement et de manière fiable par un technicien en radio relève (plus besoin de rentrer dans les logements) ou en télé-relève. Prix : 40 à 60€TTC/logement/an.


RFC répartiteur de frais de chauffage
L’installation de répartiteurs de frais de chauffage (RFC), petits boîtiers installés sur chaque émetteur de chaleur et en mesure leur température pendant toute la période de chauffe : la collecte des informations s’effectue par un technicien en radio relève ou en télé-relève. Prix : 25 à 40€TTC/logement/an.


distribution de chauffage horizontale en collectif
La première solution, adaptée aux circuits de chauffage avec distribution horizontale dans les immeuble, se révèle plus onéreuse à l’installation (et n’est techniquement pas toujours possible) mais le relevé des informations est plus simple et sans discussion possible ! Elle s'adapte quel que soit le mode de restitution de la chaleur (radiateur, convecteur, ventilo-convecteur, chauffage au sol). Un compteur d'énergie thermique à ultrasons ou à turbine mesure les consommations énergétiques des installations de chauffage grâce à 2 sondes de température intégrées au système qui mesurent en continu la différence de température entre l'entrée et la sortie de la boucle de chauffage. Il restitue les informations directement en kWh.

distribution de chauffage verticale en collectif
Les Répartiteurs de Frais de Chauffage quant à eux, destinés à une distribution verticale ou horizontale du chauffage, s’installent dans un appartement en une demi-heure sur chaque radiateur et commencent immédiatement à enregistrer les économies que les pratiques vertueuses de consommation des usagers font réaliser. Les répartiteurs de frais de chauffage comportent deux sondes (thermomètres) qui mesurent en continu la température du radiateur et celle de la pièce. Ils s'adaptent à tous les radiateurs (acier panneau, aluminium, fonte à éléments, sèche-serviettes). Le service complet associé d’individualisation ne représente en moyenne qu’environ 50€/an/logement pour une économie qui sera supérieure chaque année à environ 150€ : 20% d’économies représentent environ 200€ sur une facture moyenne de de 1000€ (logement collectif de 3 pièces soit 70m2). Les frais de comptage étant en moyenne de 50€ par appartement et par an, le bénéfice net reste largement positif (150€). Enfin, les RFC comportent une double sonde et intègrent des algorithmes de calcul qui permettent d’effacer les influences extérieures qui auraient pu perturber la mesure (ex. rayons du soleil, présence d’une cheminée, …).


Pour être complet sur cet article, il est à noter que certains craignent aussi des effets paradoxaux avec l’installation de répartiteurs de frais de chaleur. L'ARC (Association des Responsables de Copropriété) pense notamment qu'une fois la pose de répartiteurs effectuée dans des immeubles où pas ou peu de travaux ont été réalisés pour améliorer la performance énergétique, les copropriétaires estimeront qu'il n'est plus nécessaire d'aller plus loin, et par exemple procéder à de vrais travaux d’isolation thermique. Les copropriétaires des logements bien situés paieront des charges de chauffage nettement réduites par rapport à ce qu'ils payaient auparavant, et refuseront de voter et payer des travaux lourds qui vont surtout avantager les autres copropriétaires ... Une thèse de sociologie sur les économies d’énergie dans les logements collectifs a montré aussi que les répartiteurs ont un effet inhibiteur vis-à-vis des gros travaux nécessaires en matière de rénovation énergétique. Or la seule optimisation des installations collectives de chauffage permet d’obtenir, sans frais supplémentaires, les 15 à 20% d’économies recherchées par l'individualisation : régulation, entretien, réglages, ralenti de nuit, désembouage, équilibrage hydraulique, etc…



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